Synthèse des évènements dans le gouvernorat de Damas

Gouvernorat de Damas

Damas (1 711 000 hab.)

Damas (1 711 000 hab.)

L’unique gouvernorat du pays à ne concerner qu’une seule ville : Damas et sa banlieue (Yarmouk).

Damas (1 711 000 hab.) : la capitale du pays resta relativement calme durant la révolution car abritant les sièges des institutions administratives et sécuritaires du régime ainsi que le Palais Présidentiel. Les Syriens sont obligés de manifester de manière prompte et intelligente s’ils ne veulent pas se faire prendre par les moukhabarat. Les premiers accrochages sporadiques contre l’armée assadienne à Damas ne débutèrent qu’en Mars 2012.

Un an après le début de la lutte armée, le 15 Juillet 2012, l’opération « Volcan de Damas » est lancée par l’ASL (certains diront prématurément, car à deux doigts d’être découverte par le régime). Son but est de tenter de décapiter le régime en le prenant par surprise, ou du moins l’occuper suffisamment pour faire réussir la future offensive sur Alep (prévue le même mois).

Les trois premiers jours de l’offensive, les révolutionnaires armés (en grande partie venant de Rif Dimashq) s’attaquent aux forces loyalistes à Hajar al Aswad, al Midan , al Tadamon, Saba’a Baharat, Quaboun, Barzeh et Kfar Soussa. Ils leurs infligent des dizaines de pertes et de blessés et réussissent même à détruire un blindé et à abattre un hélicoptère.

En retour, la plupart des quartiers sont bombardés par l’artillerie des forces d’al Assad, spécialement al Midan. Les troupes stationnées au Golan sont également dégarnies pour aller combattre à Damas.

Pilonnage à Al Midan (Damas – 17 Juillet 2012)

L’opération culmine avec l’attaque réussie à l’engin explosif télécommandé contre la cellule de crise du QG de la Sûreté Nationale, le 18 Juillet. Les plus hauts responsables sécuritaires tels Assef Chawkat (vice-ministre de la Défense), Dawoud Rajha (ministre de la Défense), Hassan Turkmani (Ancien ministre de la Défense et assistant du Vice-président), Hicham Ikhtiyar (chef du Bureau de la Sûreté Nationale) ont été tués. D’autres comme Maher al Assad (chef de la Garde Républicaine et la 4ème Division), son cousin Hafez Makhlouf (à la tête du Directoire de la Sécurité Générale), Mohammed Ibrahim al Sha’ar (ministre de l’Intérieur), Mohammed Saïd Bekheytan (ancien chef de la Sûreté Nationale), sont supposément morts ou gravement blessés.

L’assassinat ciblé semble être le travail d’un ou plusieurs agent(s)/militaire(s) de la garde rapprochée infiltré(s) au sein du régime. Il semblerait également que la quantité de TNT/C4 utilisée fut minime, même si à l’efficacité ravageuse, en raison de l’étroitesse de la salle de réunion (pas plus de 12m2) de la cellule de crise.

Sans montrer un signe évident de faiblesse, le régime déclare le jour suivant pouvoir reprendre le « contrôle total de la situation » en 48h. Pour cela, il use la force disproportionnée (chars, hélicoptères, armes lourdes, …) contre les quartiers investis par les révolutionnaires et les résidents locaux anti-régime.

L’ASL encaisse  durant les premiers jours la nouvelle offensive des troupes loyalistes. Elle arrive à tenir à Kfar Soussa, Jobar et al Mizah en dépis des bombardements et contrôle une bonne partie d’al Qaboun et à al Midan.

Zones de combats (en vert) à Damas pendant l’opération « Volcan de Damas » (Juillet 2012)

Zones de combats (en vert) à Damas pendant l’opération « Volcan de Damas » (Juillet 2012)

Finalement, des éléments de la 4ème Division Blindée interviennent, en commençant par al Mizah et Barzah. Du 22 au 29, les révolutionnaires sont repoussés petits à petit par la machine de guerre assadienne. Des dizaines de civils suspectés d’aider les rebelles au sein de leurs quartiers sont exécutés sommairement par les chabihas (dont 16 membres d’une même famille à al Midan).

Les quelques poches de résistance qui restèrent finirent par se réunir au quartier al Tadamon pour tenter d’en faire leur dernier retranchement à Damas. Ils sont aussitôt pris à partie par l’armée et les forces spéciales lors d’une opération militaire du 1er au 4 Août 2012.

Par la suite, les quartiers sunnites de la banlieue furent le théâtre de campagnes punitives (destruction d’habitations, arrestations, tortures) car les résidents sont suspectés d’aider les résistants armés. Elle empira entre le 20 et le 25 Août avec le massacre de Daraya (Rif Dimashq) coûtant la vie à plus de 400 civils en majorité (y compris femmes, enfants et vieillards).

Néanmoins, l’ASL ne s’avoue pas totalement vaincue à Damas et se lance dans une guerre d’usure et de guérilla urbaine éclair contre le régime, sa présence armée et ses fondations.

Ainsi, des accrochages eurent occasionnellement lieu dans les quartiers centraux de Damas les semaines qui suivirent leur retrait. Parmi les attaques les plus significatives, on trouve celle de la mi-Août par exemple (checkpoints de l’armée près de l’ambassade iranienne, et base de l’armée) et celle du 26 Septembre (QG d’Etat Major place des Omeyyades).

Le mois d’Octobre suivant est lui aussi une série d’attaques ciblées minutieusement organisées par l’ASL, qui applique l’adage « tout vient à point nommé pour celui qui sait attendre » sur le terrain.

Les forces en présence côté régime sont la 105ème brigade de la Garde Républicaine, la 46ème brigade blindée ainsi que les 45ème et 46ème régiments des Forces Spéciales. Ils sont soutenus par les milices du Front de Libération de la Palestine (FLP) et probablement celles du Hezbollah, tous pro-régime, pour former au total près de 5000 hommes (appuyés par 200 blindés).

Côté révolutionnaires deux brigades de l’ASL (Martyrs et Ahrar al Sham) regroupant quelques 3000 combattants, sont impliquées dans la lutte armée contre les forces d’al Assad.

A titre d’exemple, le 5 Octobre, un bataillon de l’ASL prend possession d’un site de défense aérienne à al Ghouta orientale près de Damas. Ils prennent possession d’armes et de missiles stockés et font prisonnier un colonel de la Garde Républicaine (Col. Ahmad Reaidi). Un hélicoptère a été également abattu au dessus de la banlieue Est. Puis un autre de ces sites tomba le 13 après huit heures de combat (15 morts parmi les loyalistes et 6 parmi l’ASL).

Vidéo de la brigade des « Martyr de Douma » filmant le site capturé de défense AA à al Ghouta

Ceci sans parler des barrages militaires régulièrement ciblés, causant la mort de dizaines de soldats loyalistes. Des attaques contre lesquelles l’armée réplique par des bombardements faisant beaucoup plus de victimes chez les civils des banlieues (des dizaines) que chez l’ASL.

Le 30 Octobre, le général de l’Armée de l’Air, Abdullah Mahmoud al-Khalidi, est assassiné par l’ASL en plus d’un autre officier. Pendant ce temps, des Palestiniens du camp Yarmouk (112 000 hab.) ont été obligés de prendre parti, lorsque des combats à Hajar al Aswad s’étendirent à leur zone le 30 Octobre. Suite à quoi, l’ASL enrôla les Palestiniens pro-révolution dans des unités pour contrer le FLP pro-Assad déjà présent dans le terrain.

En Novembre, forte de ses succès croissants et récents dans les régions avoisinantes de Rif Dimashq, l’ASL multiplie ses assauts contre la présence du régime dans la capitale.

Le 28 Novembre, commence un important assaut contre l’aéroport international de Damas, qui vise non seulement à annuler l’utilisation de la force aérienne par le régime dans la région, mais à couper aussi la route à toutes les élites qui tenterons de fuir le pays par la voie des airs.

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